Curieux… un peu… beaucoup… passionnément?

En rentrant du travail, vous décidez de faire un arrêt rapide à l’épicerie avec votre enfant de quatre ans.  Vous n’êtes que dans la section des fruits et vous commencez déjà à le regrettez…  Parce qu’à quatre ans, un enfant a tout plein de questions, veut toucher à tout et veut savoir ce que goûte chaque aliment qui attire son attention…

Vous avez peut-être du mal à rester zen face à la quantité de « pourquoi » dont vous inonde votre enfant.  Pourquoi toutes ces questions ?!  Quand est-ce que ça va s’arrêter?

D’abord, qu’est-ce que la curiosité?

Cette force de caractère, définie en gros comme le désir d'apprendre, nous invite à la découverte du monde qui nous entoure. Et pour y arriver, nous pouvons utiliser l’un des deux types de comportement suivants : une curiosité de diversion où l’on recherche des sources variées de nouveautés et de défis; et une curiosité spécifique qui permet une recherche plus approfondie de quelque chose en particulier.

Selon Susan Engel (1), la curiosité est à la fois innée et favorisée par les interactions sociales.  En effet, les bébés sont très curieux : ils observent, imitent, manipulent les objets pour comprendre l’univers dans lequel ils vivent.  Dès qu’ils commencent à parler, les jeunes enfants posent beaucoup de questions… des questions factuelles (qui, quoi) et des questions qui les aident à comprendre comment les choses fonctionnent (comment, pourquoi).  Et à partir de deux ans et demi, les enfants posent des questions de suivi, c’est-à-dire qu’ils vont questionner les réponses qu’ils obtiennent ou les éléments de réponse qu’ils ne comprennent pas.  Et ils savent se faire insistants!

Quels avantages nous procure la curiosité?

D’abord, elle joue un rôle important au niveau de la survie (2).  Être curieux permet de découvrir les changements dans notre environnement, d’apprendre de nouvelles façons de faire.  Par le développement de meilleures ressources personnelles, la curiosité favorise la croissance personnelle.  Et pour nous récompenser, notre cerveau libère de la dopamine et autres hormones du bien-être…

La curiosité apporte des avantages dans plusieurs domaines de nos vies.  D’abord dans nos relations interpersonnelles : poser des questions et s’intéresser aux autres nous rend plus chaleureux et attrayants à leurs yeux et améliorent la qualité de nos interactions sociales.  Ensuite, au niveau de notre bien-être :  il semble que les gens curieux soient plus heureux et soient plus conscients du sens de leur vie.  Enfin, dans les études et le travail : ajoutée aux capacités et aux efforts des étudiants, la curiosité devient un facteur important dans leur réussite académique; et les comportements induits par la curiosité, tels que la recherche d’informations, influencent non seulement l’apprentissage mais également les performances au travail. (3 à 6)

Est-ce qu’on reste curieux toute notre vie?

Des chercheurs ont enregistré les conversations de petites filles de trois ans avec leurs parents.  Ces petites filles posaient entre 26 et 58 questions par heure!

Par contre, il y a une baisse radicale du nombre de questions que posent les enfants à partir de leur entrée à la maternelle.  En maternelle, les enfants ont entre 1 et 3 épisodes de curiosité (poser des questions ou manipuler un objet pour en apprendre plus) par heure… et entre 0 et 1 épisode de curiosité une fois rendus en 5e année.

Qu’est-ce qui cause une baisse de curiosité?

Il est possible que, puisque la curiosité répond à un besoin de comprendre notre environnement, en grandissant et en acquérant de plus en plus de connaissances, nous ayons moins de questions.  Selon Engel, à l’école, les professeurs ont un programme à suivre et des matières à enseigner, et ils posent plus de questions que les élèves.  Par un questionnement de type socratique, les enseignants amènent les enfants à découvrir et expérimenter diverses notions.  Les élèves peuvent être intéressés et fascinés par les sujets appris en classe.  Mais, il ne faut pas confondre intérêt et curiosité.  Aider un enfant à répondre à nos questions ne développe pas sa curiosité.

Ensuite, Engel présente deux recherches qui illustrent comment certaines façons d’agir favorisent ou limitent l’expression de la curiosité.

Dans la première étude, les chercheurs ont exploré l’impact qu’avaient les adultes sur la curiosité des enfants.  Dans une étude, des élèves échangeaient avec, soit un adulte qui ne répondait pas ou peu à leurs questions, soit avec un adulte qui démontrait un intérêt en souriant, en les regardant et les encourageant, ou soit avec un adulte qui favorisait l’exploration en soulignant de nouvelles caractéristiques, etc.  Les enfants des deux derniers groupes ont démontré plus de comportements d’exploration.  Dans une autre étude, des enfants de trois et quatre ans jouaient près d’un adulte qui, soit les encourageait dans leur jeu, soit passait des remarques critiques sur leur façon de jouer.  Les enfants qui avaient été critiqués montraient par la suite moins de curiosité et de comportements d’exploration.  Et cette tendance était plus marquée pour les filles que les garçons.

En terminant, la curiosité devient un bien vilain défaut lorsqu’elle est utilisée pour s’immiscer dans la vie d’autrui, pour alimenter les commérages ou les rumeurs.

Comment pouvez-vous développer ou maintenir votre curiosité?

  • Choisissez un sujet qui vous passionne et voyez combien de questions nouvelles vous pouvez vous poser… puis exercer votre amour de l’apprentissage et cherchez les réponses!
  • Discutez avec des collègues, des parents ou des amis qui pratiquent des sports ou font des activités différentes des vôtres. Soyez curieux et posez des questions (sans que ça ait l’air d’un interrogatoire!)
  • Cuisinez au moins un repas dans votre semaine avec un aliment que vous ne connaissez pas.
  • Pour encourager la curiosité de votre enfant, prenez le temps de le regarder, de lui sourire et invitez-le à explorer à approfondir ses connaissances sur quelque chose qu’il aime (les voitures, la danse, le théâtre, l’espace, les dinosaures, etc.)

Albert Einstein a dit : « Je n’ai pas de talent particulier.  Je suis passionnément curieux. »

Et vous, vous êtes curieux… un peu… beaucoup… passionnément?  Comment allez-vous exercer votre curiosité cette semaine?  Je suis curieuse de savoir 😉

Vous voulez en apprendre plus sur vos forces de caractère, contactez-moi.

Références

  • Engel, S. (2011). Children’s Need to Know: Curiosity in Schools. Harvard Educational Review, 81(4), 625–645. https://doi.org/10.17763/haer.81.4.h054131316473115
  • https://greatergood.berkeley.edu/article/item/nine_things_educators_need_to_know_about_the_brain
  • Kashdan, T. B., & Roberts, J. E. (2004). Trait and State Curiosity in the Genesis of Intimacy: Differentiation From Related Constructs. Journal of Social and Clinical Psychology, 23(6), 792–816. https://doi.org/10.1521/jscp.23.6.792.54800
  • Kashdan, T. B., & Steger, M. F. (2007). Curiosity and pathways to well-being and meaning in life: Traits, states, and everyday behaviors. Motivation and Emotion, 31(3), 159–173. https://doi.org/10.1007/s11031-007-9068-7
  • von Stumm, S., Hell, B., & Chamorro-Premuzic, T. (2011). The Hungry Mind: Intellectual Curiosity is the Third Pillar of Academic Performance. Perspectives on Psychological Science, 6(6), 574–588.
  • Reio, T. G., & Wiswell, A. (2000). Field investigation of the relationship among adult curiosity, workplace learning, and job performance. Human Resource Development Quarterly, 11(1), 5–30. https://doi.org/10.1002/1532-1096(200021)11:1<5::AID-HRDQ2>3.0.CO;2-A

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